Voyage court, intensité maximale.

Il y a des voyages qui marquent par leur durée.
Et d’autres par leur densité.

La Réunion a fait partie de ceux-là.

Onze heures de vol.
Pour ceux qui ne le savent pas, ce n’est pas rien.
Surtout quand on quitte la métropole sous la pluie, bottes aux pieds et capuche fourrée,
pour atterrir un lundi matin à Saint-Denis sous un soleil écrasant, plus de 30 degrés, et une lumière comme je n’en avais jamais vue.
Le choc thermique est immédiat. Le décor aussi.

J’étais installée du côté de La Saline, à deux pas du lagon.
Un endroit de rêve, dont j’ai pu profiter brièvement avant et après la formation.
Juste assez pour sentir… et repartir.

 

Premiers pas, premières respirations

Le premier jour, après l’arrivée, j’ai déjeuné au nord de la plage, découvert le studio de la photographe qui m’accueillait pour la formation, fait quelques courses rapides, préparé l’installation pour le lendemain.                                             
Et puis, malgré la fatigue, je n’ai pas résisté :
je suis allée tremper les pieds dans l’eau.

Un détail, peut-être.
Mais déjà un ancrage.

Mardi : entrer dans le cœur du portrait créatif

Mardi, la formation commence.
Neuf stagiaires réunionnais.
Le matin, on apprend à se découvrir.
L’après-midi, je présente ma méthode : le portrait créatif tel que je le pratique, celui qui m’a valu les titres et distinctions accumulés ces seize dernières années.

Ce travail-là n’est pas décoratif.
Il vient de ce qui tape dans ma tête, de ces idées parfois folles que j’ai besoin d’accoucher par l’image.

Pour la démonstration, j’ai photographié un modèle pour lequel j’avais imaginé tout un univers.
Nous avons fait varier les ambiances, les intentions, les énergies.
Le shooting a été incroyable.
Dense, habité, précis.

En fin de journée, j’ai retrouvé l’une de mes meilleures amies de lycée, installée sur l’île depuis de nombreuses années.
De très belles retrouvailles, hors du temps.

Créer du sens, pas rester en surface

Les jours suivants, place à la pratique.

Les stagiaires travaillent en binômes :
l’un photographe, l’autre modèle.
Puis inversion des rôles.

L’objectif n’est pas de “faire une belle photo”.
Il est de créer un portrait qui a du sens.

Chaque image naît d’une introspection, d’une démarche artistique consciente, de choix assumés : lumière, gestuelle, posture, intention, narration visuelle.
Certains ont eu besoin d’être poussés davantage, pour ne pas rester à la surface.
Et là…
quelle puissance.
Quelle émotion.
Quelle effervescence créative.

J’ai guidé chacun dans ses difficultés :
technique, gestion de la lumière, direction du modèle, précision du geste.
Voir naître ces images — pas simplement belles ou créatives, mais fortes, incarnées, pleines de sens — a été profondément émouvant.

    

Une énergie collective rare

Le lendemain, les rôles s’inversent.
Et quelque chose de très juste se met en place.

Tout le monde s’entraide.
Il faut des assistants, des porteurs de pieds girafe, des figurants, des accessoiristes improvisés.
Une vraie dynamique de groupe, généreuse, engagée.

Le dernier jour est consacré à la post-production et au marketing :
comment construire une offre cohérente, comment communiquer, comment positionner ce travail selon ce que chacun souhaite en faire.

Un groupe d’une grande qualité humaine.
Fort en émotions.
Engagé.

On dit souvent qu’enseigner, c’est apprendre une seconde fois.
C’est profondément vrai.

 

Samedi : l’océan pour clôturer

Samedi, journée off.

J’ai nagé dans le lagon, au milieu des coraux et des poissons.
Puis je suis allée me confronter aux vagues de l’océan Indien.

Bon… je n’ai pas joué longtemps.
À la troisième tasse avalée, j’ai sagement accepté la leçon et je suis allée me poser au bord de l’eau avec le sourire.

Gratitude

Je suis ensuite rentrée en métropole, avec cette sensation rare d’avoir vécu une aventure courte, intense et profondément juste.

Un immense merci à l’Atelier de Charles de porter cette formation et de m’avoir offert l’opportunité — précieuse — de sortir, pour une fois, de mon studio,
pour transmettre au-delà des portes d’Égérie.

Ce genre de voyage rappelle pourquoi on fait ce métier.
Et pourquoi on continue.